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Compte-rendu de concert
33ème festival Django Reinhardt
juin 2012

publié le 16 juillet 2012
par Francis Couvreux , stoche

Impressions...

Cette année je ne pus être présent que deux jours hélas ; mercredi en début d’après midi, arrêt au camping de Samoreau où beaucoup de musiciens et d’aficionados (certains ne se rendent même plus sur l’ile du berceau) font de ce lieu charmant en bord de Seine, une sorte de festival off ; il faut être au bon endroit au bon moment mais ça rabouine dans tous les coins, notamment le soir, où les jams endiablées se succèdent quasi toute la nuit ; Je croise Mano Weiss, Ted Gottsegen, Hervé Gaguenetti, Titi Bamberger, Aurore Voilqué, Roland Wondra, Alfonso Ponticelli, Daisy Castro et ses parents, Mathieu Chatelain, l’incontournable Patrus…

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Gonzalo Bergara à retrouver sur Arte Live Web

Arrivée sur l’ile du berceau où beaucoup de monde déjà se presse, pour la prestation de Gonzalo Bergara, dont j’apprécie les disques mais que je n’ai encore jamais vu sur scène ; très beau concert en compagnie de ses excellents musiciens ricains pour un jazz aux influences manouche, classique et latino, la plupart du temps des compos personnelles exigeantes servies par une mise en place impeccable. La grande classe ! Le site est quasi saturé pour le nouveau quartet électrique de Bireli Lagrène (sax, orgue, batterie) qui déboule en bermuda et sandalettes, strato fender en bandoulière ! Si Bireli est un phénomène de la guitare, sa nouvelle orientation musicale (une sorte de rock funk binaire) ne me convainc guère ; je décroche et vais trainer vers les stands de luthiers où ça gratte dans tous les coins ; je croise Adrien Moignard, José Winterstein, Antoine et Sébastien Boyer, Max Robin, Hono et Brady Winterstein, Noé Reinhardt, Ritary, Maurizio Geri qui m’annonce la sortie imminente en Italie d’un nouveau CD de son swingtett…retour devant la scène pour la prestation du Rosenberg trio qui invitait Thomas Dutronc ; dès le premier morceau « comme un manouche sans guitare », la foule est en délire ; se côtoient bobos parisiens, aficionados, rastas et jeunes filles venues pour le beau Thomas. Django sera aussi à l’honneur bien sûr (i’ll see you in my dreams joué à l’unisson par Stochelo et Thomas qui a l’air bien heureux d’être là) ; on connait la passion pour l’illustre manouche de celui qui a su attirer un large public et une nouvelle génération vers le swing manouche.

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Concert de Biréli à retrouver sur Arte Live Web

Après un break de deux jours (boulot !) retour en Seine et Marne le samedi ; nouvelle halte à Samoreau où je croise Feigeli Prisor qui vient de sortir un tout nouveau CD, Daniel Givone qui fait le bœuf, Kamlo, l’excellent groupe danois Swing acoustic, jouant une très belle compo personnelle ; un peu plus loin c’est Lollo meier qui joue en duo london town magnifique compo qui figure sur son dernier disque ( Lollo et sa femme Susan passeront à la maison le lundi sur la route du retour vers la Hollande avec à la clef un petit concert privé dans mon jardin ; thanks Lollo et Susan !) ; Patrus filme pour son site le sympathique Sarah french quintet. J’arrive sur l’ile du berceau où déjà beaucoup de monde se presse pour la prestation d’Amati Schmitt en quartet, non pas avec son père Dorado comme annoncé sur le programme, mais Francko Mehrstein (le fils de Sony) à la guitare d’accompagnement ; il joue pour l’essentiel des titres de son récent et réussi CD ; parfois un peu décontracté, ce jeune guitariste (16 ans) s’est taillé un succès mérité ; c’est sans aucun doute un futur grand ! Je vais baguenauder sur l’ile où ça rabouine dans tous les coins (Ollie avec Denis Chang, Boulou et Elios Ferré, Ritary…). Je regagne ma place pour Django club ; si leur CD ne m’avait pas emballé à 100 pour 100, la prestation live de ces excellents instrumentistes (mention spéciale pour Sébastien Giniaux) fut tout à fait convaincante. Pour finir (en tous cas en ce qui me concerne), Dr John que je ne voulais rater sous aucun prétexte tant cette légende vivante se fait rare sur le vieux continent ; à 70 ans passés, le bon Docteur pète la forme et passe blues, soul, funk, rock, jazz à la moulinette New Orléans avec classe, un groove chaloupé servi par un gang irréprochable qu’il dirige en costard rouge rayé, chapeau, collier de dents de requin, canne ornée de divers colifichets (plumes, os…), gris gris, tête de mort sur le piano ;le public est debout car comment ne pas bouger avec une telle musique qui dériderait un régiment de parachutistes, Un grand moment !

Francis Couvreux

Relativement peu de monde à mon arrivée sur l'île du Berceau le lendemain dimanche ; incertitude du temps ? Finale de foot oblige ? En tout cas, les stands des luthiers sont déserts... Mais où sont donc passés tous les bœufers habituels ? Les longues nuits de Samoreaux ont peut être eu raison des plus endurcis. Quoi qu'il en soit, cela me permet d'essayer tranquillement et méthodiquement les instruments, l'un après l'autre, et de discuter avec les luthiers toujours ravi d'expliquer leurs intentions et leur passionnant métier. Stephan Hahl présente ses plus beaux modèles estampillés "Biréli", Maurice Dupont s'intéresse à un vieux Stimer d'époque qui aurait bien besoin d'une révision, et c'est l'occasion de discuter avec son propriétaire ravi d'expliquer l'origine et l'histoire du fameux micro, Geronimo Mateos propose d'essayer en plus de ses magnifiques guitares un nouveau concept de médiator voulant concurrencer le "Wegen"... Ari-Jukka Luomaranta est de son côté intarissable sur l'origine des bois qu'il utilise, tandis que son "pupille", l'étonnant Olli Soikkelin s'éxerce sur une "Silent" copie Selmer dénuée entièrement de son fond ! Agréable rencontre également sur le stand partagé de Yohann Cholet et Morgan Brillant... qui sont non seulement de très bons luthiers mais aussi d'excellents guitaristes.
Ah tiens, voilà Gonzalo Bergara et Mathieu Chatelain qui jouent sur le stand Eimers...

Mais il est temps de s'installer pour le concert de Sébastien Giniaux, qui vient présenter sa "Mélodie des Choses" au public de Samois. Jérémie Arranger et Joris Viquesnel sont impériaux à la rythmique (qui d'autre que Joris pourrait accompagner Seb sur ses morceaux ?), et Seb, très en forme, allume le feu tsigane sur l'île du Berceau. Les ambiances évoluent au fil des invités (Mihaï Trestian au cymbalum, Mathias Lévy au violon), mais c'est sans doute Chérif Soumano qui tire son épingle du jeu en se mettant le public dans la poche : ses ritournelles obsédantes à la kora font mouche et la complicité avec Seb est jubilatoire... Même si on a pu le voir partout cette année au Festival, Seb n'a pas encore le don d'ubiquité et c'est la ravissante et talentueuse Maéva Le Berre qui tient les parties de violoncelle sur le dernier triptyque d'inspiration plus classique : on finit donc en beauté ce magnifique concert.

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Youn Sun Nah et Ulf Wakenius

Place au duo Youn Sun Nah / Ulf Wakenius, que j'avais déjà vu l'année dernière et qui actuellement ont le vent en poupe sur la scène jazz. La chanteuse coréenne qui parle très bien le français est étonnante : une petite voix timide présente les morceaux du bout des lèvres, mais c'est une tornade impressionnante de puissance et d'énergie qui chante, crie et s'approprie la scène et laissant bouche bée les spectateurs sidérés... Wakenius, qui fût le dernier guitariste d'Oscar Peterson, trouve le bon tempo pour l'accompagner, n'hésitant pas à se munir d'une bouteille en plastique pour frapper les cordes de sa guitares tandis que la belle rentre en transe. Impressionnant ! La chanteuse à la tessiture phénoménale qui s'est notamment fait connaitre en pimentant son répertoire d'une chanson de Metallica conquiert définitivement le public sur une reprise d'Avec le temps" de Ferré, qui laisse tout le monde debout et en pleurs, chanteuse comprise. Pas de demi-mesure ici mais de l'émotion brute, de la grâce et de l'animalité. Un rappel indispensable clôt le concert sur “Enter Sandman" : jamais le trash metal ne m'était apparu aussi sensuel....

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Mike Stern / Richard Bona

Mike Stern s'est depuis un bon moment installé au fond de la scène pour regarder, médusé, le concert du duo. Félicitations, embrassades chaleureuses et passage de témoin pour l'ancien guitariste de Miles Davis qui, comme à son habitude a le sourire jusqu'aux oreilles et se montre très complice avec le public. Dès le début du concert, on sent que ça va envoyer du lourd : Richard Bona pose des lignes de basses incroyables, la mise en place est effroyable de précision, le feeling impressionnant. Et Mike Stern, heureux comme un poisson dans l'eau au sein de cette rythmique de luxe (Dave Weckl à la batterie) fait monter au son clair la sauce de sa Telecaster légendaire avant d'envoyer la distorsion qui comble de joie le public. Ça phrase méchamment, mélange de blues et de jazz, et les thèmes repris à la voix par Richard Bona enchantent le public. Dommage que Bob Franceschini soit un peu en dessous, ses solos étant un peu ennuyeux en comparaison de ceux des deux stars de la fusion.

Hélas, je ne peux pas rester pour le concert de Roberto Fonseca, à mon grand regret. Ce qui ne m'empêche pas de vous conseiller vivement son magnifique dernier album, Yo, petite merveille afro-cubaine festive et pleine d'invention.

stoche

NB : retrouver les concerts de Biréli Lagrène et Gonzalo Bergara sur Arte Live Web (durée limitée...!)


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33ème festival Django Reinhardt , par danou, le 1er 08 2012

Tout à fait d’accord avec les commentaires précédents : tout y est bien décrit, l’ambiance chaleureuse du festival Off de Samoreau, les intellos bobos sur l’Ile du Berceau, le nouveau genre de Bireli...

Quant au reste du programme de Samois je ne peux dire, on est restés à Samoreau !!



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